Liste des membres

Devos Antoine Président, chef de service de pédopsychiatrie du Centre hospitalier de Bayeux, président de l’EPE du Calvados
Biteaud Laura Sociologue, directrice adjointe de l’UDAF Bas Rhin
Chambry Jean Psychiatre CH de Maison Blanche, conseiller clinique EPE-IDF
Companyo Sylvie Psychologue, directrice de l’EPE de Haute Garonne
Coum Daniel Psychologue clinicien, psychanalyste et maître de conférence associé, CRPC-CLCS (EA 4050 site Brest), composante recherche en psychopathologie clinique : clinique du lien et création subjective, ISHS, Université de Bretagne Occidentale
Duret Isabelle Professeure de psychologique clinique et psychopathologie, Cheffe du service de psychologie du développement et de la famille, Université Libre de Bruxelles (ULB)
Garcia Philippe Psychothérapeute, pédopsychiatre au CHS de Pierrefeu du Var, Pôle de pédopsychiatrie, Filière adolescents.
Giampino Sylviane Psychologue enfants, psychanalyste
Goguel d’Allondans Thierry Éducateur spécialisé, anthropologue, formateur en travail social (ESEIS- Strasbourg), professeur associé (ESPE/UDS), chercheur associé (Dynamiques Européennes UMR 7367 CNRS) – Université de Strasbourg
Janvier Guy Administrateur civil hors-classe. Enseignant chercheur. Président de l’European Anti-Poverty Network France
Jarry Bruno Directeur du Clavim
Lachance Jocelyn Maître de conférences en sociologie à l’université de Pau et des Pays de l’Adour. Laboratoire Passages UMR CNRS-5319.Directeur de la RSAA (Revue de Socio-Anthropologie de l’Adolescence)
Mikolajczak Moïra Professeur, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Institut de recherche en sciences psychologiques, Belgique
Novello Mauricio Pédopsychiatre, médecin référent du service de psychiatrie infanto juvénile de l’association hospitalière Ste Marie (Puy en Velay)
Pédrot Philippe Juriste, professeur des Universités
Pillet Lyne Directrice des politiques éducatives et de l’audit, PJJ Rhônes-Alpes
Sagot Blandine Psychologue, directrice de l’EPE de l’Hérault
Wawrzyniak Michel Président d’honneur de la Fnepe, Professeur émérite en psychopathologie clinique à l’Université de Picardie Jules Verne, Rédacteur en chef de Perspectives Psychiatriques
     

Retrouvez quelques articles écrits par les membres du conseil scientifique de la fédération:

 

article. C.SCHMITT L’art d’etre grand père

Editorial du n°2 2020 de Perspectives Psy par Michel Wawrzyniak, Rédacteur en chef

Une coupure qui nous relie autrement

Le symbole était, dans la Grèce archaïque, une pièce de céramique cassée en deux qui reliait deux camps alliés qui pouvaient ainsi reconnaitre, grâce à elle, un porteur de message de l’autre camp. Le symbole était une coupure qui liait. Le symbole est une coupure qui lie.

La coupure suscitée par la pandémie et les mesures de confinement nous a éloignés les uns des autres mais elle nous a reliés autrement. Le téléphone et les appels sur Skype, Zoom, Teams… sont devenus les nouveaux canaux vitaux de nos liens humains.

La tenue de la dernière réunion du comité de rédaction via visio-conférence en aura été un exemple remarquable. Ainsi, avant de nous engager dans le traitement de l’ordre du jour concernant notre activité éditoriale en cours et à venir, chacun d’entre nous a pu évoquer sa situation personnelle et professionnelle, la réalité pesante de la Covid-19 nous marquant tous. Le fait que chacun d’entre nous soit impliqué dans des situations cliniques et institutionnelles souvent très différentes nous a offert un large panorama, à la fois vaste et très précis, des effets de la pandémie sur nos proches, nos patients, nos étudiants, nos collègues de très nombreuses professions, et nos pratiques, que ce soit au SAMU, dans les CUMP, les services de psychiatrie, d’addictologie, les CHU, les hôpitaux généraux, les services d’urgence, des numéros vert  de soutien en ligne à la parentalité en confinement, des services d’aide aux familles d’accueil, la continuité pédagogique dans les universités et centres de formations, en activité libérale….

Certains d’entre nous, touchés par le virus, participant malgré tout à notre réunion. D’autres ne le pouvant pas. Un moment exceptionnel de fraternité partagée entre nous mais aussi témoignant de nos proximités psychiques avec beaucoup d’autres. Un moment mémorable duquel a jailli, comme une évidente nécessité, le projet de témoigner de toutes ces situations, de rendre publiques et partagées nos expériences et nos réflexions dans un numéro à venir de Perspectives Psy : Epidémies et psychiatrie, dossier qui sera mené sous la direction de Jacques Fortineau et de Brice Martin.

La pandémie nous a rudement frappés. Elle a rudement frappé nos proches, nos collègues, nos patients.  A quoi tiennent nos vies ? a-t-on souvent entendu s’interroger nos interlocuteurs. Au mince fil de la protection de la distanciation physique ? Une distanciation que nos statuts de soignants n’ont pas toujours pu nous garantir. Dans le champ de la psychiatrie, de nombreux témoignages ont exprimé l’oubli chronique de la psychiatrie par les politiques * ou encore l’insuffisance en moyens matériels de protection au point que bien des collectifs ont exprimé leur colère d’être ainsi exposés à des risques dramatiquement sous-estimés, politiquement mal évalués, aux premiers temps de la pandémie **.

Si le symbole réunit deux pièces de céramique dans l’espace, il réunit aussi, dans le temps, les deux moments entre un évènement et son analyse. Viendra le temps de dire ce qui s’est vraiment passé et de tenir compte de ce à quoi nous avons été voués, une fois la crise pandémique passée. La traversée de la terra incognita *** de la pandémie ressemblera-t-elle à toute autre traversée de crise : par-delà notre vécu d’angoisse et d’incertitude aurons-nous la possibilité de créer des liens et des manières de penser et de faire nouveaux ?

La pandémie nous a bousculés dans la réalisation de ces deux premiers numéros de l’année de Perspectives Psy . Nous avons déployé tous nos efforts pour destiner à nos lecteurs ce double envoi correspondant au premier semestre de l’année 2020.

Dans le n°1/2020, Pierre Delion nous offre un éditorial, « Le moment Tosquelles », qui parle au plus près de ce que nous vivons aujourd’hui rapporté à ce que la psychiatrie des dernières décennies a eu à vivre, a eu à subir, mais aussi a su créer. « Il va donc falloir réfléchir « pour de bon » au soir de cette période noire, et entreprendre ce partage nécessaire dans la conduite des affaires du monde : les personnes et les choses ne sont pas réductibles les unes aux autres », pour reprendre Pierre Delion dans son éditorial. Un de nos deux dossiers témoigne ensuite des réflexions et des propositions d’un groupe de travail mis en place par la Fédération Française de Psychiatrie (FFP), d’abord mené par Danièle Roche-Rabreau puis par Patrick Bantman consacré à la question du « Travail avec la famille lors de l’hospitalisation pour un premier épisode psychotique ». La FFP a institué ce groupe de travail à la suite de la bouleversante lettre que lui a adressée un père de patient. Une seconde partie de ce dossier viendra le compléter dans un de nos numéros à venir. Ce dossier nous invite ainsi à reprendre la réflexion de Henri Ey qui, à propos des épisodes psychotiques aigus chez de jeunes gens, posait cette question vertigineuse : « Folie d’un moment ou début de la folie de toute une existence ». Avec ici la mise en exergue du questionnement corollaire :  « Quelle place de la famille dans une telle situation ? ». L’autre dossier déploie une réflexion relative à la Psychiatrie de la Personne Agée nous invitant à maintenir tendue notre vigilance sur les âges avancés. Le Dr Georges Jovelet aura coordonné ce numéro avec beaucoup de détermination.

Le numéro 2 /2020 est porteur, quant à lui, d’un dossier qui rend compte d’un colloque franco-canadien de psychiatrie et de psychopathologie qui s’est tenu à Montréal, en juillet 2019, organisé par le Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (CRISE) dirigé par le Pr Réal Labelle et le Groupe d’étude de psychiatrie, psychologie et sciences sociales (GEPPSS), représenté par le Dr. Hervé Benhamou, rigoureux coordonnateur de ce dossier avec Réal Labelle. Ce colloque avait pour thème : « Dépression et conduites suicidaires à l’adolescence ».

Notre ami, le professeur Réal Labelle, est une figure bien connue en France et dans la francophonie. Il nous a fait, à de nombreuses reprises, la faveur de sa présence et de ses interventions dans les congrès organisés sur le territoire national, par exemple, celui la SFPEADA en 2017 ou de ses prestations de formation auprès de jeunes psychiatres et psychologues français, entre autres, à l’université de Picardie Jules Verne d’Amiens.

Comme lui, son ami, le Pr. Jean-Marc Guilé, qui a été rédacteur en chef de Perspectives Psy pendant sept années, connaît très bien les deux rives de l’Atlantique. Un des moments forts de ce colloque de l’été 2019 aura été d’accompagner Jean-Marc Guilé dans ses retrouvailles avec ses collègues de l’Université McGill à l’occasion de la visite du dispositif de soins pour adolescents déprimés à l’Institut Douglas. Un moment riche en émotions témoignant de l’hospitalité si généreuse qui nous aura été offerte par l’UQAM. C’est autour de nos collègues canadiens hautement spécialisés en études de suicidologie au Canada que nous avons tenu ce séminaire fermé, d’une trentaine de participants, mais ouvert sur la promesse de construire de nouvelles étapes permettant la poursuite de nos échanges devenant davantage accessibles à un public élargi. Ce dossier constitue donc une première étape de cet élargissement espéré. les contributions des collègues français participant à ce colloque franco-canadien seront publiés dans un numéro suivant.

Dans les contacts amicaux informels que nous avons eus durant ce séjour, nous nous souvenons de notre conversation avec Alain Lesage, épidémiologiste mondialement réputé, que nous avions déjà croisé lors du congrès de l’IACAPAP à Durban, en 2014, évoquant sa fascination pour l’ouvrage d’Albert Camus La peste… Un échange anté-pandémique, rétroactivement troublant et vertigineux par sa dimension prémonitoire. Nous savons que, depuis, parmi les villes nord-américaines Montréal, comme New-York, a été une des plus touchées par la pandémie. Merci à nos collègues canadiens d’avoir réussi, malgré tout, à nous envoyer leurs contributions.

Dans ces deux numéros 1 et 2/2020, plusieurs articles originaux retiendront, eux aussi,  l’intérêt de nos lecteurs.

Notamment celui Pierre Delion qui nous a accordé un entretien à la suite de l’offre faite de son éditorial. Cet entretien nous a fait nous approcher du code existentiel de la trajectoire d’un psychiatre ancré dans une psychopathologie transférentielle, porteur de valeurs humanistes et toujours ouvert aux apports de la science dans la créativité de la co-construction en équipe, en institution, insistant d’une manière vitale sur la dimension politique du métier de psychiatre. Cet entretien constitue un rebond très heureux de l’analyse de son livre Mon combat pour une psychiatrie humaine que la revue avait donnée il y trois ans.

Si le symbole réunit deux pièces de céramique dans l’espace, il réunit aussi, dans le temps, les deux moments entre un vœu que l’on formule et sa réalisation.

Alors nous souhaitons que ces deux numéros, livrés ensemble, qui parcourent, autant qu’ils le peuvent,  l’espace et le temps, l’histoire et de la géographie de la psychopathologie, des soins en psychiatrie et des sciences humaines et sociales, nous invitent à persévérer, en tant que revue, dans notre effort tendu d’y être présents et agissants avec les plus vives de nos capacités de symbolisation.

* « Psychiatrie oubliée ? », Editorial d’avril 2020 du Dr Michel David, président de la Fédération Française de Psychiatrie

** « On a été mis en danger » : à Neuilly-sur-Marne, la détresse des soignants d’un hôpital psychiatrique, BFMTV, 02.04.2020

*** « Le temps de l’incertitude », Douglas Kennedy in Le Monde des 31 mai-1erJuin 2020, p.27.

Article en version téléchargeable.